Toute famille a un secret mais comment faire lorsque ce secret est sur le point de resurgir sept décennies après ?
Dans The Lake House de Kate MORTON, nous nous retrouvons devant une propriété abandonnée. Imaginez vous, une vieille demeure au style victorien, des herbes folles qui passent à travers le plancher de la terrasse, sûrement une ou deux fenêtres brisées. La nature a repris son droit. La maison donne sur un lac et autour une foret épaisse qui semble être là pour la tranquillité des habitants. Tout est resté en place dans cette demeure, comme figé dans le temps et seule la poussière trahit l'absence des propriétaires.
En 2003, Sadie, notre héroïne, est détective. L'auteure laisse planer un certain mystère autour celle-ci. On comprend qu'elle s'est trop investie dans une affaire et qu'elle partie en « séjour » chez son grand-père. Elle a quitté Londres pour rejoindre la campagne anglaise.
Son intrusion dans la propriété des Edevane va faire remonter un fait divers non élucidé qui concernait le dernier né de cette grande famille de la région.
En 1933, Theo, un jeune garçon d'un peu moins d'un an, a disparu. Il n'a jamais été retrouvé.
Sadie ressent le besoin d'élucider cette histoire, elle ne peut plus faire demi-tour et ignorer cette sinistre affaire. Le lecteur comprend que cette affaire pourrait l'aider à reprendre la confiance qu'elle semblait avoir perdu depuis sa dernière enquête mais Alice, la grande sœur du disparu - maintenant âgée - n'est pas du même avis.
Pris dans un tourbillon, Kate MORTON nous entraîne dans son univers et le seul moyen d'y échapper est de finir ce roman. J'exagère à peine, on veut connaître la suite, on est comme tourmenté par les maux des personnages. Des histoires dans l'histoire vont se révéler car un secret en fait ressusciter d'autres...La famille Edevane est marquée par la tragédie.
Une palette de personnages vont se croiser avec tous, le poids d'un secret. Cette famille n'est pas toute blanche et ses membres ont tous un secret plus ou moins inavouable. Alice, la cadette de la famille sait quelque chose, le lecteur veut la pousser à le révéler.
Comme un jeu de piste, on élabore des hypothèses les plus farfelues, les unes comme les autres. Kate MORTON donne des indices mais le lecteur peut vite aboutir à des conclusions erronées.
On retrouve le jeu du passé/présent qui est un peu la marque de fabrique de l'auteure. Ceci donne une touche encore plus intrigante à l'histoire. Lorsque l'on pense avoir une révélation sur un élément du passé, l'auteure repasse sur Sadie et sur son enquête. C'est assez frustrant.
Tous les mots de l'auteure sont pesés. Rien n'est mis au hasard et c'est à nous de se rappeler certains détails. La grande force de l'auteure est que le lecteur n'est jamais dans la certitude.
Les personnages de The Lake House semblent réels. On ne tombe pas dans la caricature et leur personnalité est affutée. Elle travaille beaucoup leur psychologie. Malgré la quantité de personnages, on arrive très bien à s'en sortir.
J'ai eu une préférence pour les parents du jeune garçon. Le père Anthony, soldat durant la Première Guerre Mondiale est revenu avec ses démons. L'auteure a travers ce personnage, parle des ravages de la guerre.

Eleanor, la mère a une personnalité plus ambiguë mais à ma grande surprise, c'est le personnage pour lequel j'ai eu le plus d’empathie –
il faudra lire le roman pour comprendre où je veux en venir.
Ceci dit tous les personnages de ce roman ont un point commun : l'abandon ou la disparition d'un enfant. Ils sont liés à cette maison et c'est elle, qui les rappelle comme lassée d'être le témoin de ce drame.
The Lake House ne tient pas non plus qu'aux personnages mais à son histoire. L'intrigue peut paraître longue à se mettre en place mais comme dans une toile d'araignée, on est pris au piège. On va de rebondissements en rebondissements sans les voir venir. Le sujet abordé marque longtemps après la lecture. C'est d'ailleurs pour cette raison que ma lecture suivante a été plus légère.
De manière générale, dans les romans de Kate MORTON, l'histoire n'est jamais toute rose. La fin reste positive mais sans être idyllique. J'ai presque envie de vous dire « c'est la vie ».
Le cinquième roman de Kate MORTON est un coup de cœur ! En le refermant, je m'attendais presque à en lire une suite. D'ailleurs, je ne serais pas surprise de retrouver Sadie dans un autre de ses romans.
C'est un peu l'indispensable à avoir sous son sapin ! Si vous avez aimé ses précédentes œuvres, je suis sûre que comme moi, vous trouverez que c'est un de ses meilleurs, si ce n'est le meilleur. Je ne lui ai trouvé que très peu de défauts et encore, ces défauts sont tellement minimes que ça en devient anecdotique. Dans le cas où vous ne connaîtriez pas cette auteure, je vous conseille vivement d'en lire un – celui-ci ou un autre (Les Brumes de Riverton et La Scène des souvenirs étant mes préférés).
Si vous n'avez pas le courage de le lire en anglais...Bonne nouvelle, il devrait sortir en français aux éditions Presses de la cité, le 14 avril 2016 ! (Je remercie encore une fois, les éditions d'avoir répondu à mon mail).