5.1.16

Le tort du soldat


Résumé de l'édition

Un vieux criminel de guerre et sa fille dînent dans une auberge au milieu des Dolomites et se retrouvent à la table voisine de celle du narrateur, qui travaille sur une de ses traductions du yiddish. En deux récits juxtaposés, comme les deux tables de ce restaurant de montagne, Erri De Luca évoque son amour pour la langue et la littérature yiddish, puis, par la voix de la femme, l’existence d’un homme sans remords, qui considère que son seul tort est d’avoir perdu la guerre…

Le tort du soldat est un livre aussi bref que percutant qui nous offre un angle inédit pour réfléchir à la mémoire si complexe des grandes tragédies du XXe siècle.

Mon avis

Un simple dîner et tout une vie peut basculer. Un simple échange de regard va prendre une tournure funeste.
Ce qui fait l'originalité du roman Le tort du soldat et qu'il s'agit d'un récit à deux voix. On ignore leur identité, ils n'ont pas de nom pour le lecteur. Dans ce très court roman, l'auteur veut apporter une touche mystérieuse au récit qui n'est pas inintéressante.

La première voix qui constitue une sorte de première partie est celle d'un amoureux des mots, de la langue. Depuis quelques temps et après avoir fait la visite de camps de concentration, il traduit en italien des textes en yiddish. Il ne veut pas que cette langue soit perdue. C'est un devoir de mémoire qui lui tient à cœur. Il mène une vie de solitaire. Son intérêt pour la traduction le pousse à prendre son travail partout et même au restaurant où il a coutume de venir. Il ignorait au moment où commence l'histoire pour le lecteur, que cette simple habitude va "déranger" une personne dans la salle.  
C'est le portrait d'un homme touchant. En quelques pages, le lecteur est saisi par la passion dévorante du narrateur. On pourrait presque penser que ce portrait est celui de l'auteur lui même, Erri De LUCA. En fait, un unique narrateur ne m'aurait pas déplu et on aurait pu ainsi en apprendre plus à son sujet.

La personne qui semble agacée est un homme assez âgé au comportant perturbant. Il rejoint sa fille qui n'est autre que le second narrateur de l'histoire. Cette narratrice tente de faire comprendre au lecteur pourquoi elle est restée proche de cet homme. Elle cherche à justifier sa position de "fille de", tout en n'essayant pas d'amoindrir le rôle de son père durant la Seconde Guerre Mondiale.

Elle revient sur sa vie et c'est là que j'ai ressenti ma première de déception. Elle nous partage ses souvenirs au côté de cet homme. Il vit dans la crainte d'être reconnu même s'il a changé physiquement. L'utilisation d'un personnage féminin ne semble pas être l'effet du hasard. L'auteur voulait peut être utiliser sa voix pour alléger l'atmosphère mais justement, je m'attendais plutôt a partagé le point de vue du criminel même si ça pouvait être dérangeant. Ce que je trouvais intéressant toutefois, était l'ajout de quelques anecdotes comme le fait qu'elle n'aie toujours qu'entendu son père chuchoter parce que dans les camps, les gens reconnaissaient les personnes par le son de leur voix.
En revanche, lorsqu'elle racontait sa vie intime, je trouvais que ça cassait un peu le rythme de l'histoire. L'auteur a voulu pousser plus loin dans l'analyse de son personnage pour qu'on puisse tenter de la comprendre mais avec aussi peu de pages, je me demandais si c'était franchement nécessaire.

La seconde déception est liée au fait qu'il n'y ait pas eu de confrontation directe entre les personnages. On ne fait que lire les points de vue. Aucunes paroles ne sont échangées. J'ai presque eu l'impression d'avoir été trompée mais en y réfléchissant, je sais que les dialogues n'aboutiraient à rien...C'est assez paradoxal comme sentiment.  J'en veux à l'auteur de ne pas avoir fait ce que j'aurai été incapable de faire.

Au final, Le tort du soldat n'a pas été aussi percutant pour moi que je le pensais. J'ai fini cette lecture avec un sentiment partagé. J'ai eu besoin de recul pour écrire cet avis. Ceci dit, il reste intéressant et il se peut que pour certain, ce roman plaise davantage.

Je tiens à remercier Livraddict d'avoir permis ce partenariat avec les éditions Folio que je remercie également !


DE : Erri De LUCA
ÉDITION : Folio (2015)
PAGES : 87
LANGUE : Français (traduit par Danièle Valin)
LIEUX :  Les dolomites, Ischia (île) (ITALIE) | Vienne (AUTRICHE)
PERSONNAGE(S) : /
THÈMES : Yiddish | Seconde Guerre Mondiale | Confrontation

8 commentaires:

  1. L'idée est intéressante et différente surtout sur l'identité, surtout à deux voix comme ça. Je ne connaissais pas mais j'avoue que j'en connais peu. Dommage que ça n'ait pas été un peu plus quand meme.

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  2. Dommage...l'histoire a l'air vraiment intéressante !

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    1. C'est vrai, l'histoire de départ est novatrice...Dommage !

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  3. Anonyme11.1.16

    Je pense que je serais frustrée par le manque de confrontation entre les personnages! Je vais passer mon tour.

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    1. C'est ce qui ne m'a pas fait apprécier complétement ce roman donc dans ton cas, oui, tu fais bien de passer ton tour ;)

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  4. Pour une fois que ton avis ne me donne pas envie de directement acheter le livre, mon portefeuille te remercie :D
    Ton avis est vraiment bien construit et montre bien les éléments positifs/négatifs :)

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